- manéger
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⇒MANÉGER, verbeA.— Emploi trans., ÉQUIT. Manéger un cheval. Le dresser au manège (v. ce mot A). J'avais manégé le matin un cheval enragé (SAND, Villemer, 1861, p. 46).— Emploi abs. Ah! si vous aviez vu à Paris, dans la grande écurie du roi, comme nous manégions devant madame de Verneuil (MÉRIMÉE, Débuts aventur., 1853, p. 345).B.— Au fig. V. manège C.1. Emploi trans. Manigancer. Ce mauvais Robert (...) c'est lui qui avait tout manégé avec cette chienne d'Isabelle (DRUON, Lis et lion, 1960, p. 139).2. Emploi intrans. Avoir un comportement adroit et artificieux pour parvenir à ses fins. Allé chez Ap, que j'ai vue dîner avec sa sœur et U. (...) Manégé avec U. Lui ai coulé un baiser dans le cou quand nous avons été seuls et lui ai demandé nonchalamment un rendez-vous (BARB. D'AUREV., Memor. 2, 1838, p. 245).REM. Manégé, -ée, adj., au fig. (v. manège C). [En parlant d'une pers.] Qui est parfaitement exercé à l'art d'agir avec adresse et ruse pour parvenir à ses fins. Voyez quel masque de diplomatie se dégage de tout ce fin profil : il est manégé comme un cardinal (LORRAIN, Phocas, 1901, p. 171). Grandes comédiennes manégées et indestructibles, débutantes agitées d'amour et d'ambition (...), aucun artiste ne s'est remis à Bernstein sans abdiquer (COLETTE, Jumelle, 1938, p. 90). Des politiciens usés, des académiciens somnolents, des hommes d'affaires manégés par les combinaisons, des généraux épuisés de grades (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 533).Prononc. et Orth. :[
], (il) manège [-
]. Conjug. v. abréger. Étymol. et Hist. I. 1615 [date de l'éd.] « exercer un cheval au manège » (J. DE MONTLYARD, Hieroglyph. de J.-P. Valer., XXXVI, 55 ds GDF. Compl.). II. 1740-55 « manœuvrer avec habileté » au fig. (SAINT-SIMON, Mém., éd. A. de Boilisle, t. 12, p. 93) I empr. à l'ital. maneggiare, attesté au sens de « dresser, exercer un cheval » dep. la 1re moitié du XIVe s. (trad. de TITE LIVE ds BATT.), proprement « manier » (v. ce mot). II dér. de manège; dés. -er. Bbg. GOHIN 1903, p. 247 (s.v. manégé). — HOPE 1971, p. 149, pp. 207-208.
manéger [maneʒe] v.ÉTYM. 1615; de l'ital. maneggiare « manier ».❖1 V. tr. Équit. Exercer au manège. || Manéger un cheval. — Au p. p. || Cheval manégé, dressé aux exercices du manège.2 V. intr. (Fin XVIIe). Littér. Faire un manège (II., 2.) de coquetterie.1 (…) elles vont par les rues et à la promenade en cheveux, un œillet rouge à chaque tempe, groupées dans leurs dentelles noires, et filent le long des murs en manégeant de l'éventail avec une grâce, une prestesse, incomparables.Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 155.——————manégé, ée p. p. adj.♦ Littér. Dont le comportement est apprêté; qui fait des manèges (II., 2.).2 Quand Marie tomba dans les bras de son rude époux, celui-ci fut étonné de trouver une vierge en cette fille si peu naïve et déjà si manégée.Louis Bertrand, Louis XIV, II, III, p. 145.
Encyclopédie Universelle. 2012.